🌾 Le Pôle InPACT national vient de signer une tribune pour une transformation profonde des systèmes agricoles.
🔎 Extrait :
"Paysan·nes et autres citoyen·nes, nous ne voulons pas d’une lecture simpliste des revendications du monde agricole, ni d’une gestion au coup par coup des crises. Nous appelons de nos vœux des agricultures à taille humaine et à vocation nourricière. Pour cela, il est fondamental d’interroger le travail paysan et la nature des revenus qui y sont liés, de remettre en cause la réussite proclamée d’un mode de production coûteux en argent public, en énergie, en foncier, en capital. Il est essentiel de retrouver la fonction sociale, économique et culturelle de l’agriculture dans toutes les strates de notre société, qu’elles soient urbaines ou rurales."
« Nous sommes le Pôle InPact, plateforme d’initiatives pour une agriculture citoyenne et territoriale réunissant 700 000 citoyen·nes dont 40 000 paysan·nes. Nous représentons dix des principaux réseaux d’agriculture paysanne et durable, des organisations professionnelles, coopératives et associations administrées par des paysan·nes et d’autres citoyen·nes. C’est à ce titre que nous accompagnons le monde agricole dans ses évolutions, en particulier le renouvellement des générations et la transition agroécologique.
Nous accompagnons les paysan·nes dans leurs pratiques, vers l’autonomie agronomique, l’autonomie de gestion et de décision, l’autonomie technique… Nous représentons une agriculture en mouvement, un monde paysan aux dynamiques collectives, bien placé pour construire, élaborer, imaginer, s’adapter, gérer mais aussi pour établir les limites, les horizons indésirables, les seuils à ne pas franchir. Nous sommes auprès des paysan·nes, dès l’émergence de leur projet d’installation et jusqu’à leur transmission, y compris dans les situations les plus difficiles. Nous mettons en contact paysan·nes et autres citoyen·nes, impliqué·es dans les territoires ruraux et les espaces urbains, qui souhaitent défendre collectivement la vocation agricole et alimentaire des terres ou soutenir une agroécologie paysanne. Nous proposons des solutions issues d’une grande diversité d’expériences et de pratiques de terrain, depuis plusieurs dizaines d’années. Ces préconisations doivent être prises en compte, pour leur valeur propre et au titre du pluralisme que nous souhaitons voir à l’œuvre dans la gouvernance agricole, des chambres au ministère.
Paysan·nes et autres citoyen·nes, nous ne voulons pas d’une lecture simpliste des revendications du monde agricole, ni d’une gestion au coup par coup des crises. Nous partageons le constat, loin d’être nouveau, des problèmes de revenu et de conditions de travail vécus par une majorité d’agricultrices et d’agriculteurs. Supprimer des normes sanitaires et agro-environnementales, augmenter certaines subventions, ces mesures partielles ne suffiront pas à les régler. Le modèle agricole industriel, tourné principalement vers l’export et la compétitivité, a besoin d’une transition sur des orientations politiques claires et construites démocratiquement. Ce modèle a provoqué la désinstallation massive ; aujourd’hui, il est urgent de donner les moyens à de nouvelles générations de s’installer, en mettant notamment en place une grande loi foncière qui favorise l’accès à la terre.
Nous appelons de nos vœux des agricultures à taille humaine et à vocation nourricière. Pour cela, il est fondamental d’interroger le travail paysan et la nature des revenus qui y sont liés, de remettre en cause la réussite proclamée d’un mode de production coûteux en argent public, en énergie, en foncier, en capital. Il est essentiel de retrouver la fonction sociale, économique et culturelle de l’agriculture dans toutes les strates de notre société, qu’elles soient urbaines ou rurales. Nous promouvons des agricultures nourricières, productrices, de qualité, génératrices d’emplois, accessibles à tous et toutes, intégrées aux espaces ruraux et réparties sur le territoire, respectueuses des équilibres et des ressources naturelles, qui confortent les transitions agricoles, énergétiques, sanitaires, écologiques et climatiques déjà fortement engagées dans nos réseaux. Pour cela, nous réclamons une transformation en profondeur de l’ensemble de la chaîne de valeur, notamment du maillon industriel et de la grande distribution.
Les choix que font les dirigeants français et européens en matière agricole ont des conséquences graves ici et ailleurs, maintenant et à venir. Nous avons besoin d’une transformation profonde des systèmes agricoles, en solidarité avec les paysan·nes et citoyen·nes au-delà de nos frontières, pour les générations présentes et futures, qui subissent les conséquences du dérèglement climatique, du libre-échange exacerbé et des marchés dérégulés. Ancrées dans la diversité du réel et portées sur le long terme, telles doivent être les orientations politiques de l’agriculture. »
29 février 2024